Trofémina 2012, la hifi à l’honneur
Comme chaque année, le prix Trofémina 2012 met en lumière quelques femmes choisies pour leurs talents, leurs contributions à leur domaine d’activité et leurs parcours exemplaires. Aux côtés de figures très médiatiques, comme Matalie Crasset ou Natacha Polony, apparaît pour cette neuvième édition Anna Popova, fondatrice de Conceptas Anstalt qui conçoit et réalise les différentes gammes de câbles O2A. On compte malheureusement bien trop peu de femmes parmi les passionnés de haute-fidélité et peut-être moins encore du côté professionnel. Qu’une manifestation grand public honore une de ces rares représentantes ne peut être qu’une très bonne nouvelle pour la haute-fidélité haut de gamme qui mériterait d’élargir sa popularité au-delà du cercle d’audiophiles dans lequel elle est actuellement cantonnée.
Originaire de Moscou, Anna Popova était remarquée dès l’âge de 4 ans comme élève douée pour le violon, puis pour le piano lors de sa formation au conservatoire. Encouragée par ses professeurs, elle se destinait naturellement à une carrière de pianiste avant que la vie ne la pousse à envisager une activité plus rapidement rémunératrice. Une activité qui se devait d’être en lien avec la musique. Alors agée d’une vingtaine d’années, Anna intègre l’Ecole Polytechnique de Télécommunication de Vilnius où différents professionnels du son et de l’acoustique lui font découvrir un univers où la technique est intimement liée à la musique et la création. Elle fait ses premières armes comme assistante son dans l’industrie cinématographique.
- Sidonie Bonnec, Bérangère Bonte et Natacha Polony, finalistes de la catégorie "Médias". C’est Bérangère Bonte, auteur et rédactrice en chef à Europe 1, qui emportera le Trofémina Médias 2012.
- Anna Popova, fondatrice de la société Conceptas Anstalt qui conçoit et commercialise les câbles O2A.
Anna Popova : « C’est de cette époque que date mes premières expériences sonores et le contact avec la réalité du son. Réaliser que le son est différent lorsqu’on enregistre le matin ou bien le soir, qu’il “vibre” d’une façon différente, etc. Il est aisé dans la production actuelle de faire la différence entre un son enregistré dans un milieu naturel ou produit en studio. C’est cette période qui m’a permise de découvrir et expérimenter le lien entre électronique et reproduction. Par la suite, mon travail d’ingénieur sur la transmission des hautes fréquences chez Wolfvision en Autriche, qui est le leader historique dans le domaine des caméras vidéo documentaires de très haute définition, mon intérêt parallèle pour les technologies du son et les rencontres que j’ai pu faire dans l’industrie de la haute-fidélité m’ont amenée naturellement à essayer de trouver les meilleures solutions pour la transmission de la modulation, en débutant mes recherches avec le câble haut-parleur. Chez Wolfvision, j’étais spécialisée dans la protection des transmissions vis-à-vis des parasites et le développement de câbles de très haute technologie. Mon travail sur les câbles très hautes fréquences utilisés dans les applications militaires et sur les satellites de communications m’a donné l’idée de mettre les technologies que je maîtrisais au service de la vidéo et de la reproduction musicale.
Cette expérience professionnelle m’a permise de détecter les meilleurs fournisseurs dans ce domaine et d’entretenir avec eux des liens étroits. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi, en 2008, de créer et d’installer ma société Conceptas Anstalt au Lichtenstein, à 200 mètres de la société Neutrik qui fabrique, entre autres, des connecteurs XLR spécifiques pour la gamme O2A, mais proche aussi de Wolfvision ou de sociétés suisses avec lesquelles je travaille régulièrement.
Cette situation géographique nous permet aujourd’hui de poursuivre efficacement le développement des câbles O2A avec le souci constant de la performance technique et de la facilité d’usage, illustrée par exemple par la récente évolution de notre câble secteur Sublime qui est aujourd’hui beaucoup plus flexible malgré ses conducteurs de 4,5 mm2, tout en conservant les qualités de la première version.
Nous continuons donc à développer notre catalogue en nous intéressant également aux systèmes d’entrée de gamme pour lesquels nous proposons aujourd’hui une ligne très accessible possédant les qualités de neutralité, d’étendue de bande passante, de définition et de rapidité qui nous sont chères. A l’autre extrémité, nous avons présenté à Munich la nouvelle série Ultime, dérivée de la gamme Sublime, mais dotée d’une protection électromagnétique renforcée (gaine conductrice réalisée dans un alliage à base d’argent) qui le protège de toutes les perturbations haute-fréquence partout présentes aujourd’hui.
La structure coaxiale du câble (ou bi coaxiale pour le format symétrique) est ici encore privilégiée pour son immunisation naturelle contre les perturbations HF, mais aussi l’association de l’argent, du Tellurium et du Béryllium qui apportent énormément de définition à la restitution.
Lorsqu’on compare des fiches en argent et en Béryllium/Tellurium, on se rend facilement compte que si le premier apporte la douceur et la finesse, le second amène force et dureté. Ceci permet d’obtenir le résultat recherché en dosant l’apport de chaque métal. De la même manière, on s’aperçoit avec la connectique que l’or se marie très bien avec le cuivre, tout comme l’argent avec le Béryllium, le Tellurium, mais aussi le Palladium.
Pour les mêmes raisons, nous privilégions les contacts mécaniques et évitons les soudures. Là encore, si la soudure s’impose, elle est réalisée dans le stricte respect des températures avec de la soudure très pure 100 % argent Eichmann qui évite les pertes. Car les liaisons mécaniques sont moins solides mais plus performantes. C’est d’ailleurs ici que réside la principale difficulté, celle qui consiste à trouver le bon compromis entre robustesse, ergonomie et performances.
Nous laissons également à nos clients le choix des terminaisons et les conseillons sur les connecteurs les plus adaptés, présentant les meilleures performances ainsi que la meilleure adaptation entre chaque élément, car nous avons pu remarquer, à partir du même câble, des différences notables de résultats entre des électroniques de marques diverses dues à des polarisations différentes. Nous avons donc établi une liste des différentes électroniques disponibles et sommes capables de réaliser nos câbles en fonction des associations prévues par le client.
- La conceptrice des câble O2A est aussi musicienne et nous le prouve lors du reportage qui lui est consacré à l’occasion de Trofémina 2012.
- Anna Popova raccorde un câble haut-parleur O2A Reference à un bloc mono Ypsilon.
Il n’y a pas de place pour la magie dans la conception d’un câble, seules la compétence et l’expérience comptent. Aujourd’hui, lorsqu’un câblier me prose un produit je sais comment il sonnera à la seule vue de ses caractéristiques techniques et les bons câbles, ceux qui répondent à l’ensemble de nos critères, sont rares. Les points auxquels nous attachons le plus d’importance sont faciles à résumer : respect du timing, de la phase et bande passante la plus étendue possible.
Digit-Hall : L’Ultime constitue-t’il une gamme complète ?
Anna Popova : Oui, disponible en modulation RCA et XLR, digital et câble haut-parleur. Le modèle secteur équipé de prises Oyaide, qui n’était pas présent à Munich, sera également bientôt disponible. Ils s’insèrent entre la gamme Quintessence Sublime et Reference. Ils sont très proches de ces derniers par leurs performances, mais pour un tarif beaucoup plus accessible, réservant les Reference aux propriétaires de systèmes n’acceptant aucun compromis.
Digit-Hall : Qu’en est-il du rodage des câbles O2A ? L’importateur nous annonçant des durées très longues, allant jusque 700 heures pour certaines références.
Anna Popova : Les caractéristiques thermiques des câbles sont très importantes car l’échauffement modifie leur structure moléculaire et ceci d’autant plus que l’on s’approche du coefficient limite propre à chaque modèle, ce qui explique leur “ouverture” tout au long de la phase de rodage. Il est exact qu’une période plus ou moins longue est nécessaire en fonction de chaque type de câble et nous avons conscience de l’inconfort que représente pour le client cette contrainte. Nous testons actuellement une installation de rodage automatisées qui va nous permettre de fournir des câbles qui seront à 100 % de leurs performances dès la première écoute. »
Le câble, un mal nécessaire
Je dois avouer que disserter sur les câbles m’ennuie profondément, de même que les longues heures consacrées aux essais et comparatifs. Je me plie malgré tout à cet exercice incontournable si l’on souhaite tirer le meilleur d’un système, mais qui ne m’apporte aucune satisfaction, si ce n’est celle d’en avoir terminé et de pouvoir vaquer à des occupations plus captivantes.
Je ne m’étendrai pas non plus sur les nombreux gourous et autres chamanes qui sévissent dans le métier (de plus en plus rares, il est vrai) ? Ils font de l’audiophile en période de doute leur proie de prédilection, ne lâchant sa prise qu’après l’avoir délestée de sa bourse et… l’avoir dégoûtée des câbles pour le reste de ses jours, peut-être même de la hifi.
Si vous avez la chance de rencontrer la conceptrice des câbles O2A, elle n’essaiera pas de vous marabouter ou de vous endormir par quelques formules magiques accompagnées de grigris ésotériques. Elle vous parlera de musique et de technique. Le discours est simple et limpide. Les réponses ne sont jamais éludées ou enrobées de considérations évanescentes, mais au contraire claires, rationnelles et techniquement argumentées. Et comme elle se plait à le répéter : « Il est n’est pas simple de trouver les mots pour parler des câbles et, après tout, pourquoi peiner à essayer de faire ce que l’oreille fait si facilement. Branchez, écoutez, comparez et vous saurez tout de suite ce qu’il en est. » Ce n’est en effet pas plus difficile que cela, mais il faut être sacrément sûr de son fait pour oser une proposition aussi… honnête.
Tentez l’expérience en empruntant un jeu de câbles à un revendeur O2A. Puis prenez le temps de les essayer chez vous, au calme, car c’est la seule façon d’être sûr de son choix. Et tirez en vos conclusions.
Eric Charlot 6|2012
La cérémonie Trofémina s’est déroulée à l’Institut du Monde Arabe à Paris, le 4 juin 2012.